Journées Internationales Saint François de Sales 2020 - Compte rendu de la journée du 23 janvier — Fédération des Médias Catholiques

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Journées Internationales Saint François de Sales 2020 - Compte rendu de la journée du 23 janvier

Journées Internationales Saint François de Sales
Lourdes - 22 au 24 janvier 2020


24èmes Journées Internationales Saint François de Sales à Lourdes
22 au 24 janvier 2020

« Médias et proximité »

Compte rendu de Faustine Fayette, journaliste à Bayard Service

 

Journée du jeudi 23 janvier 2020

 

 Signis

 

Magali van Reeth

www.signis.net/

 


 

Distance journalistique et proximité

 

 Éloge de la distance journalistique

 

Est-il temps d’établir un nouveau contrat avec les lecteurs ? Quelle est la juste distance que le journaliste doit avoir vis-à-vis de son sujet, de son lecteur, de son patron ?

 

Gauthier Vaillant,

Journaliste à La Croix – service religion et politique

On essaye de trouver un équilibre. C’est souvent mal compris par les lecteurs qui confondent parfois la vérité et la recherche de la vérité.

La distance implique un travail que le journaliste doit faire sur lui-même. Il y a une nécessité à faire plus de reportages : c’est l’exercice qui permet au journaliste de se placer au mieux, d’être à sa juste place. C’est le meilleur moyen de prendre de la distance par rapport aussi au sujet car la déconnexion nous guette tous.

La distance n’empêche pas l’empathie.

La distance, c’est aussi vis-à-vis de nous-mêmes, pour ne pas plaquer notre histoire, nos schémas…

La distance, ce n’est pas une mollesse.

Comme journaliste, je ne suis pas là pour me mouiller mais pour décrire et transmettre. Le lecteur doit accepter que nous ne donnons pas dans le « prêt-à-penser ». Nous leur présentons les éléments d’un débat et c’est au lecteur de faire son opinion.  D’où la nécessité de revenir au terrain.

La question de la place des éditorialistes se pose.

 

Didier Pourquery, rédacteur en chef de The Conversation

https://theconversation.com/fr

A notamment lancé le journal Metro, dirigé la rédaction de Libération et du Monde.

A beaucoup recruté de journalistes au long de sa carrière.

Ses deux critères de recrutement : des personnes curieuses ET des personnes généreuses.

-        La curiosité, c’est l’ouverture.

Aller voir derrière. Regarder, observer de différentes distances, différentes focales. Être curieux avec ceux qui nous énervent et avec ceux avec qui on n’est pas d’accord.

-        La générosité, c’est avoir l’obsession du lecteur, auditeur…

C’est partager ce qu’on a vu de la manière la plus accessible possible. La seule reconnaissance qui vaille, c’est la reconnaissance du lecteur. La générosité, c’est trouver la meilleure manière d’attraper l’info et le lecteur. C’est très exigeant. L’obsession du journaliste : le lecteur doit continuer à me lire. Il doit penser à son lecteur en permanence. La bonne distance avec le lecteur, c’est le respect.

Alors si on arrive à faire passer l’info avec curiosité et générosité, on arrive à trouver la bonne distance.

 

Faire comprendre des concepts compliqués, c’est la bonne distance. (ex : Wall street journal). Si on a des lecteurs heureux, ils reviennent. Alors les instances économiques du journal sont satisfaites. Faire vivre un sujet pour le partager, c’est faire vivre son sujet au lecteur.

Le problème aujourd’hui, c’est l’« Infotaintement » = on a l’impression que pour faire passer l’info, il faut faire rire ou mettre en spectacle. J’ai monté l’Association « Information pour le monde suivant » : info utile pour le monde collectif.

Un constat, c’est que les gens ne lisent plus l’info. Ne s’informent plus. Mais il faut surtout savoir pourquoi c’est utile de s’informer. Cela me met en mouvement, c’est utile pour faire société. Le pire, ce ne sont pas les fake news mais les « un-News », les infos qui ne servent à rien !

Un concept d’information qui nourrit, c’est la clé. Aller sur le terrain, c’est aussi donner aux gens d’aller voir eux aussi sur le terrain. C’est là que le média joue son rôle. Il est médiateur. Ne pas confondre cynisme et ironie socratique. Problème aujourd’hui, on confond le commentaire, l’opinion et l’analyse. On ne donne pas assez la parole à l’analyse. L’analyse demande une lecture avec une grille d’analyse, un travail, une mise en perspective.

 

Une juste distance ? Ne serait-ce pas mieux de parler de « juste présence » ? Le journaliste doit toujours être au même niveau que celui qui parle. Le média donne une présence dans la société. Notre métier est pourri par les éditorialistes. Dans nos médias, on se doit d’être précis. C’est du respect. Tout le monde ne peut pas être journaliste. C’était un leurre des années 2000. Enfin, la question se pose : est-ce qu’il ne faudrait pas éduquer nos lecteurs ?

 

 

 Réseaux sociaux et illusion de la proximité

 

Sur les réseaux sociaux, il y a des journalistes qui se mettent en scène, qui se lâchent, qui recherchent leurs témoins, qui sont dans la communication, l’info-devinette, l’interpellation, la notion de communauté… Multitude d’usages et de positionnement…

 

Dr Patrice Huerre,

Pédopsychiatre.

Les réseaux sociaux sont-ils vraiment sociaux ? On est dans une époque où la nuance est rare. Il y a souvent deux camps : pour ou contre. L’écart entre les générations se creuse. Ceux qui sont nés avant les années 1990 ou après.

La question se pose aussi dans la façon d’habiter des intérieurs. Avant, l’intérieur était investi par l’héritage familial. Ex : armoire de famille normande vs armoire Ikea d’aujourd’hui. Et on retrouve cette différence, dans l’intérieur de notre être.

Il y a aussi une question de notre rapport à la verticalité et horizontalité.

Les ados aujourd’hui recherchent qui ils sont. Ils sont dans une recherche d’identité qui ne devrait rien aux ascendants. La notion d’héritage est balayée au profit de l’auto-engendrement. Cette manière de concevoir les choses est accentuée par les outils numériques qui amènent la construction d’un faux-self. Le rapport aux selfies est intéressant en ce qu’il représente le narcissisme : quand ce qui est recherché n’est pas prioritairement par rapport aux autres mais par rapport à soi-même. Mais problème aussi quand les bases narcissiques sont insuffisantes : cela crée des victimes de harcèlement ou de la désinhibition.

 

Les ados sont dans une recherche d’une image idéale de soi. Ils ont besoin d’être dans le regroupement parfois illusoire du même. Cela renforce ce que chacun pense. Sur les réseaux sociaux, la communauté du même crée cela aussi : un renforcement de l’opinion au lieu de son ouverture.

Pour les réseaux sociaux, il faut évaluer les bénéfices et les risques. Cela dépend de l’usage qui en est fait.

 

À noter : la capacité de jeux entre 3 et 6 mois est essentielle. Le jeu permet le développement de la curiosité. Les journalistes ont certainement développé une grande capacité de jeu.

 

Jacques Trentesaux,

directeur de la rédaction de « Médiacités »

www.mediacites.fr/

Au lancement de Médiacités, on a senti qu’on avait saisi la bonne distance entre le national et le local. Cela a créé une curiosité. On a écrit un contrat de lecture sous forme d’un manifeste :

https://www.mediacites.fr/forum/national/2016/11/30/notre-manifeste/

Les personnes sont souvent plus au courant de ce qui se passe au niveau du pays qu’au niveau de la ville.

 

Les réseaux sociaux : qu’est-ce que c’est ?

C’est un canal ? Un média ? Il n’y en a pas qu’un mais plein. On n’a pas encore mesuré les conséquences des réseaux sociaux. Les réseaux, c’est l’image d’une place grouillante en mouvement perpétuel. Le coefficient d’attention : 9 secondes, comme le poisson rouge. Cf. le développement de réseaux tels que Tinder, Periscope

Le 10 mai 2016, Océane s’est filmée, elle s’est jetée en live sous une rame de métro. Elle se suicide, et on ne peut rien.

 

Les réseaux sociaux pour un média, c’est une arme à double-tranchant. Il y a l’illusion de la proximité. C’est biaisé. Les réseaux sociaux, ce n’est pas neutre. Facebook est une agence de publicité énorme. Comment font-ils ? Ils essayent de nous scotcher. Il y a des algorythmes. Il y a des recruteurs, des influenceurs politiques… Qu’est-ce qui y circule ? Infos ? Fake news ? Émotion ? La diffusion de fake news permet un gain d’argent.

Alors, utiliser les réseaux pour les médias ok, mais il faut être prudent et se méfier. Un média est un émetteur et une cible. Dans les réseaux, cela se noie. On ne sait plus qui parle à qui. À Médiacités, on veut pratiquer un journalisme utile.

 

La proximité se travaille à différents points de vue :

- Le statut de l’entreprise ;

- Les finances ;

- La proximité éditoriale (plateforme éditoriale – on se nourrit des alertes locales / création de la fabrique / enquête collaborative avec connaissance de nos lecteurs) ;

- La qualité de la proximité exige du sur-mesure.

On se sert des réseaux sociaux comme vitrine et on a des alias pour communiquer et casser les bulles de filtre. Notre travail, c’est enquêter et veiller.

 

 


 

Proximité géographique

 

 Réduire les distances dans la mondialisation

 

 

Marton Demeter,

professeur des Sciences de la communication à Budapest (Hongrie)

Étude de la production et de la dissémination des connaissances.

Constat de stigmatisation des zones non principales.

Il existe des zones pauvres en information.

 

P. Dominique Greiner,

rédacteur en chef à La Croix

La société est tellement mondialisée qu’on est en recherche constante de proximité, il manque des liens sociaux : justice de proximité, police, commerces…

La proximité doit être mise en perspective avec l’universel. Nous devons assumer cette tension. La vie n’est pas que de la proximité mais dans la proximité, on retrouve l’universel. « Traquer l’universel dans la proximité, descendre dans la chair du monde, la toucher, aller à la rencontre des hommes et des femmes qui soulagent les blessures du monde »

Exemple de La Croix Africa :

La proximité est à construire. C’est aussi rendre proche ce qui est loin. Chaque choix éditorial : est une promesse faite au lecteur.

 

 

 Au plus près du terrain

 

Guy Constant Olawolé Ehoumi

Bénin Presse à Cotonou

 

Gabriel d’Harcourt

La Voix du Nord

 


 

 Atelier 1 : Associer nos publics à nos projets

 

Didier Pourquery

Etienne Pépin

À The Conversation, on utilise le membership.

- Membre : Associé à la vie du site, il peut indiquer les sujets qui intéresse nos lecteurs ;

- Rencontres avec la rédaction ;

- L’idée d’être membre d’un média : en échange on donne son avis, on participe aux comités éditoriaux, on est invité à des colloques…

- Utilisation aussi de l’outil slack pour développer le dialogue, conversation avec la communauté : https://slack.com/intl/fr-fr/

- Développement aussi de coups de projecteur sur les initiatives ;

- Développement d’un journalisme de solution pour créer l’adhésion ;

- Le problème, c’est de repérer les lecteurs. Pour cela, il faut un réseau mais aussi un animateur de la communauté

 

 

 Atelier 2 : Diversité des genres journalistiques

 

Eric Pailler

Monica Mondo

 

 

 Atelier 3 : Atouts et faiblesses de l’info de proximité

 

Guy Constant Ehoumi, responsable de la communication déontologique des médias béninois.