Le journaliste et les conflits dans l'Eglise/ Dix propositions pour dix attitudes — Fédération des Médias Catholiques

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Le journaliste et les conflits dans l'Eglise/ Dix propositions pour dix attitudes

Document UCIP élaboré lors du congrès de Denver, le 22 mai 1997

 

 

De tout temps, des conflits ont surgi dans les Eglises. Qu’on se souvienne de l’Histoire. Demain, forcément, d’autres apparaîtront. Aujourd’hui même, il est fréquent qu’ils occupent le devant de la scène dans l’actualité.  Toujours, il est de la responsabilité professionnelle des journalistes de les aborder avec la rigueur habituelle et le respect inhérent aux personnes. Parce que la tâche n’est pas si aisée qu’il y paraît et qu’elle engage un certain nombre de valeurs, voici dix convictions qui peuvent éclairer chaque journaliste catholique dans sa recherche de l’attitude adéquate face au traitement des conflits ecclésiaux.

 

1 - « Objectiver les faits »

Tout informateur, et donc l’informateur religieux où qu’il travaille, se doit d’établir les faits et d’identifier leur nature avec le souci constant d’approcher la vérité au mieux et avec la plus grande honnêteté possible.

 

2 - Donner la parole à tous

La responsabilité d’informer consiste également à donner la parole équitablement à tous les acteurs d’un conflit et à tous les points de vue. Il importe que le lecteur ait entre les mains tous les éléments du dossier, même si le journal est en droit de lui proposer une ligne de réflexion.

 

3 - Faire intervenir les compétences

Parce qu’un conflit a souvent des enjeux qui le dépassent, le journaliste ne craindra pas d’aborder les questions de fond en faisant jouer les compétences diverses qui permettront de mieux éclairer ces enjeux.

 

4 - Se désimpliquer sans cesser d’être soi

Même s’il y tend, un journaliste n’est jamais totalement objectif. Une part de sa subjectivité demeure, qui est sa marque propre. Néanmoins parce qu’un conflit présente la plupart du temps, d’importants aspects affectifs voire passionnels, il est indispensable, pour le journaliste, de se désimpliquer psychologiquement et intellectuellement. De maîtriser ses émotions. De garder son sang-froid. De ne pas mettre en avant sa sensibilité personnelle. De prendre de la distance.

 

5 - Travailler ensemble

Parce que le traitement d’un conflit donne forcément lieu à beaucoup de subjectivité, il importe de faire jouer au maximum, à l’intérieur du journal, le travail en équipe, le contrôle mutuel, la vérification réciproque qui pourront utilement corriger les approches trop exclusivement personnelles.

 

6 - Stimuler plutôt que décourager

Quand arrive le temps du commentaire ou de la réflexion éditoriale sur un conflit dont on a décrit l’histoire, les acteurs et les enjeux, il convient d’adopter un point de vue constructif. On s’efforcera de faire la part des choses et de tirer le meilleur parti possible d’une situation inévitablement douloureuse. Il s’agit de « stimuler » plutôt que de décourager. De chercher à rebondir en se portant au-delà des points de fixation.

 

7 - Vivre une vraie fidélité ecclésiale

Dans le traitement des faits comme dans les commentaires qu’il pourra en faire, le journaliste catholique doit, de par son métier, faire droit aux positions « normales » du magistère. Cela suppose, de sa part, une compétence appropriée. Il refusera de se prendre pour un magistère de remplacement ou, inversement, pour une courroie de transmission du magistère existant.

 

La fidélité à l’Eglise peut comporter, pour le journaliste, la nécessité de faire entendre l’expression de l’opinion publique. Il ne peut et il ne doit pas taire des informations ou des opinions qu’il tient comme importantes pour la compréhension ou la résolution d’un conflit ou qu’il estime de l’ordre de sa conscience éclairée.

 

8 - Parier sur le flair spirituel des croyants

Par respect de son lecteur, qui est un souci majeur de la presse catholique et une volonté sans cesse réaffirmée de l’UCIP, le journaliste aura soin d’accompagner au mieux la réception de son article par le public. Il veillera, en particulier, au possible scandale des faibles. A cet égard, on doit ajouter que tout ce qui se passe et qui est conflictuel n’a pas pour autant la même place dans tous les organes de presse. Le discernement est aussi une qualité professionnelle des journalistes.

 

Il est important, pour un journaliste catholique, d’avoir foi au « sensus fidelium », au flair spirituel des croyants, à la santé du peuple de Dieu, aux bienfaits du dialogue. Il en fera l’expérience, notamment, à travers le courrier ou à travers tous contacts avec les lecteurs.

 

9 - Etre attentif aux autres Eglises

Le journaliste catholique se montrera attentif à ce que pensent les chrétiens non catholiques, à leur façon de voir les choses, à leur expérience ecclésiale. Ce regard sur les autres Eglises peut être stimulant pour nous.

 

10 - Avoir une imprégnation ecclésiale

Traiter professionnellement des conflits dans l’Eglise - c’est-à-dire avec rigueur, respect, précision et honnêteté - donner la parole à tous les acteurs, situer clairement et sereinement les enjeux, ouvrir autant que possible des perspectives positives, tout cela suppose, de la part du journaliste catholique, une vraie culture religieuse, une bonne connaissance des acteurs ecclésiaux et de la Tradition et, au total, ce qu’on pourrait appeler une véritable imprégnation ecclésiale. En termes profanes, cela s’appelle pour tous une réelle et large compétence. En termes de foi, cela s’appelle « aimer l’Eglise ».